Vente d'actifs et vente d'actions

Dans le cadre de la vente d'entreprises à des tiers, la question fondamentale se pose régulièrement de savoir comment structurer la transaction d'un point de vue juridique mais aussi fiscal. Vous avez le choix entre deux concepts de base : l'opération "actif" ou l'opération "action". Dans ce qui suit, nous présentons brièvement les possibilités et les défis de droit civil et fiscal de ces deux variantes.

1 L'asset deal

L'asset deal est la vente d'actifs entre des tiers indépendants et constitue la forme préférée de vente d'entreprise dans le secteur des PME en Suisse (notamment lors de la vente d'une entreprise individuelle ou d'une société de personnes). En effet, dans le cas des entreprises individuelles et des sociétés de personnes, le patrimoine est lié aux propriétaires en droit civil et non à l'entreprise elle-même. Toutefois, une société (AG ou GmbH) peut également ne vendre qu'une partie de sa société par le biais d'un asset deal. A cet effet, elle a le choix entre la succession singulière selon le Code des obligations ou le transfert de patrimoine selon la loi sur la fusion.

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1.1 Opportunités

  • L'asset deal nécessite une évaluation actualisée des actifs. En outre, les actifs individuels doivent être clairement définis si un achat partiel seulement est souhaité. Cela permet à l'acheteur de délimiter clairement son risque financier, car il peut d'abord obtenir un aperçu complet et actualisé de la situation financière de l'objet de l'achat et a la possibilité de procéder à une acquisition sélective de l'entreprise. En outre, l'asset deal offre à l'acheteur la possibilité de compenser les dépenses de financement de l'acquisition de manière fiscalement avantageuse.
  • Les actifs achetés à leur juste valeur peuvent être comptabilisés par l'acheteur et amortis selon les besoins. Le goodwill payé peut être reconnu par l'acheteur et amorti à des fins fiscales.
  • Étant donné que les risques fiscaux historiques restent généralement à la charge du vendeur, une "diligence raisonnable" détaillée et généralement longue n'est souvent pas nécessaire d'un point de vue fiscal. Il est à noter que cette "règle empirique" n'a été que récemment fortement relativisée par le Tribunal fédéral en matière de TVA. Dans son arrêt du 21 février 2020 (2C_923/2018), le Tribunal fédéral a indiqué que le transfert d'une " fortune partielle " entraîne déjà une succession fiscale (partielle) au sens de l'art. 16 al. 2 LTVA. Art. 16 alinéa 2 de la loi sur la TVA.

1.2 Défis à relever

  • Le nom d'une entreprise individuelle est lié à une personne physique. Par conséquent, le nom ne peut être conservé en cas de changement de propriétaire.
  • Les contrats existants sont également liés au propriétaire et ne peuvent donc pas être repris sans autre forme de procès. Un transfert doit être soigneusement examiné et les contrats éventuellement renégociés.
  • Dans le cas des transactions d'actifs, le vendeur peut compenser les bénéfices comptables de la vente de l'entreprise par les pertes de l'année précédente de l'unité commerciale avec un effet fiscal. Toutefois, les pertes reportées ne peuvent pas être transmises à l'acheteur.
  • Le vendeur ne réalise pas de plus-value non imposable. Les bénéfices comptables provenant de la vente de l'entreprise sont donc imposables. Cela peut avoir des conséquences fiscales sous la forme d'un impôt sur le revenu (pour les personnes physiques) ou d'un impôt sur les bénéfices (pour les personnes morales) et est donc généralement plus élevé pour le vendeur dans le cas d'une transaction d'actifs que dans le cas d'une transaction d'actions. Toutefois, un allégement fiscal peut intervenir notamment si le vendeur renonce définitivement à son activité entrepreneuriale.

Étant donné que la transaction d'actifs est souvent la meilleure option pour l'acheteur d'un point de vue fiscal, il existe un conflit d'objectifs entre l'acheteur et le vendeur dans la plupart des constellations, comme indiqué ci-dessous.

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2 Le share deal

Pour la vente de parts sociales (parts d'une société anonyme ou parts ordinaires d'une société à responsabilité limitée), il existe l'option alternative d'une transaction de parts. Dans ce cas, l'acquéreur peut reprendre l'ensemble de l'entreprise ou seulement une partie de celle-ci. Dans la pratique, la cession d'actions est souvent préférée à la cession d'actifs en raison des avantages fiscaux.

2.1 Opportunités

  • Le nom de l'entreprise et les contrats qui en découlent sont liés à l'entité juridique et peuvent donc être repris sans autre forme de procès.
  • Les pertes reportées peuvent être compensées par l'acheteur sur 7 ans.
  • En principe, il y a moins de discussions sur l'acquisition d'actifs spécifiques, puisque c'est un ensemble entier (ou une part de celui-ci) qui est repris.
  • Dans cette variante, le vendeur profite régulièrement d'un gain en capital privé exonéré d'impôt. Il convient toutefois de garder un œil attentif sur les cas d'évasion fiscale objectivés, tels que la liquidation partielle indirecte, la transposition ou l'institution du négociant en titres professionnel.

2.2 Défis à relever

  • Tous les risques de l'entreprise sont transférés à l'acheteur, c'est pourquoi l'entreprise doit être soumise à un examen élaboré et approfondi ("due diligence") avant l'achat.
  • Les actions nominatives dont la transférabilité est limitée ou qui sont soumises à des conditions statutaires peuvent nécessiter l'approbation du conseil d'administration en cas de changement de propriétaire. Le contrôle de la société ne change que lors de l'inscription au registre des actions.
  • L'acheteur reprend également toutes les dettes de l'entreprise avec le paquet global. En règle générale, ils sont toutefois déduits du prix d'achat par le biais d'un accord contractuel.
  • Dans le cas d'une transaction en actions, l'acheteur ne peut plus compenser les dépenses de financement de la vente de la participation par les revenus de la société acquise. En outre, l'acheteur ne peut plus capitaliser et amortir fiscalement le goodwill payé. Toutefois, ce défi peut être atténué par une planification minutieuse. L'acheteur peut, par exemple, acquérir la participation soit par le biais d'une société existante, soit par le biais d'une société créée spécialement à cet effet. En absorbant ultérieurement l'objet de l'achat, la charge du financement de la vente de la participation est transférée à l'objet de l'achat lui-même. Toutefois, une telle variante de planification doit être bien réfléchie et discutée au préalable avec les autorités fiscales.

3 Conclusion et autres possibilités de structuration

Par rapport à une transaction d'actifs, une transaction d'actions est moins complexe en raison du nombre réduit de négociations et plus intéressante pour le vendeur, notamment d'un point de vue fiscal, en raison de la plus-value non imposable. Cependant, l'acheteur potentiel a un aperçu beaucoup moins approfondi du contexte financier de l'entreprise, ce qui rend impératif l'exercice d'une diligence raisonnable avant l'achat.

Grâce à une conversion opportune, neutre sur le plan fiscal, d'une entreprise individuelle ou d'une société de personnes en une société de capitaux et à une vente après la période de blocage de cinq ans, le vendeur peut réaliser une transaction d'actions intéressante pour lui.

En raison des nombreux pièges fiscaux, il est toutefois indispensable de planifier soigneusement la succession de l'entreprise et de se concerter à temps avec les autorités fiscales.

Nous serons heureux de vous aider à tout moment à répondre à vos questions concernant la planification de la succession de votre entreprise.