La planification fiscale des entreprises en transition

Dans le contexte de la mondialisation de l'économie, le nombre et l'importance des entreprises exerçant des activités transfrontalières ont considérablement augmenté au cours des dernières décennies. Ce développement va continuer à s'accentuer dans les années à venir et est soumis à des changements constants. Outre les grandes entreprises, les PME sont également de plus en plus actives au niveau international.

Dans les entreprises actives au niveau mondial, les décisions de gestion doivent fréquemment être prises sur des questions de structuration internationale. Cela s'applique, par exemple, aux décisions concernant le choix international du lieu d'implantation, la conception de structures juridiques, de groupe et de financement transfrontalières, ainsi qu'à la détermination des prix de transfert intragroupe. Un certain nombre de critères de décision différents sont pertinents pour ces décisions, y compris les effets fiscaux des différentes variantes de planification.

Contrairement à la mondialisation de l'activité des entreprises, il n'y a guère eu d'internationalisation dans le domaine du droit fiscal. L'imposition des groupes transfrontaliers est principalement régie par le droit fiscal national des États dans lesquels les sociétés du groupe sont domiciliées. D'une part, la complexité de la fiscalité qui en résulte peut entraîner des risques considérables en matière d'impôts, mais d'autre part, elle ouvre également de vastes possibilités de structuration fiscale. Par conséquent, un Tax Planning international est nécessaire dans les groupes internationaux.

Déclenchée par la crise financière et la charge qui en découle pour les budgets publics en raison d'une dette nationale d'une ampleur sans précédent, la fiscalité des entreprises actives au niveau mondial est devenue le centre d'intérêt du public. La planification fiscale légalement correcte des sociétés et la faible charge fiscale globale qui en résulte ont été qualifiées d'injustes et de politiquement incorrectes dans cette discussion. L'appel à de nouvelles bases juridiques pour une imposition "plus correcte" des sociétés s'est fait entendre. Suite à cette pression publique, des projets ont été initiés ces dernières années au niveau national et surtout international dans le but de modifier le droit fiscal des groupes. Les effets de ces nouvelles réglementations fiscales auront une influence durable sur la planification fiscale des groupes et la modifieront dans les années à venir.

Avec le projet BEPS , les pays de l'OCDE/G20 ont fixé de nouvelles limites à la planification fiscale et ont changé les règles. Le droit fiscal unilatéral, lié à des traités internationaux entre États, est progressivement remplacé par un système multilatéral.

Les ajustements et les changements ont lieu à deux niveaux différents. Ces deux niveaux peuvent être distingués ou résumés par les termes "transparence" et "substance" respectivement.

Comme stratégie contre l'exploitation des règles fiscales nationales, la communauté internationale a convenu de renforcer la coopération intergouvernementale et les obligations de divulgation sur les transactions fiscales des sociétés actives au niveau international. Cela inclut l'échange spontané de décisions dans l'Action 5 et le rapport CbC nouvellement introduit dans l'Action 13 du projet BEPS.

Sur le plan technique, il s'agit d'empêcher la séparation des processus économiques et des flux de bénéfices, qui a été l'objectif jusqu'à présent. C'est ce que montre déjà le titre du projet BEPS - "Base Erosion and Profit Shifting". La lutte contre le déplacement des substrats de profit est un fil conducteur des 15 points d'action du projet BEPS. En un mot, on pourrait dire qu'à l'avenir, les fonctions, les risques et les bénéfices vont de pair et doivent rester unis.

La structure du groupe est désormais considérée par les autorités fiscales comme un ensemble global et un système autonome qui doit être conçu sans contradictions dans la mesure du possible grâce à la nouvelle transparence. Cette structure doit être documentée et justifiée de manière exhaustive, ce qui implique des tâches de conformité nouvelles et complètes.

Le défi pour la planification fiscale des groupes dans un avenir proche sera de clarifier les nouveaux paramètres dus aux nouvelles réglementations légales dans le sens du projet BEPS dans les pays de l'OCDE. Par conséquent, les structures et processus existants doivent être comparés aux nouvelles règles et, si nécessaire, adaptés.

La déclaration suivante de Pascal Saint-Amans, directeur du Centre de politique et d'administration fiscales de l'OCDE, à l'occasion du webinaire " Tax Talk " du 16 juin 2016, est représentative des changements à venir : " Beaucoup pensaient que le projet BEPS ne viendrait pas. Elle est arrivée et elle est mise en œuvre".