Rachat et retrait de fonds de la caisse de pension

Un rachat volontaire dans la caisse de pension est intéressant à plus d'un titre pour les personnes exerçant une activité professionnelle : d'une part, il permet d'augmenter la rente de vieillesse et, selon le règlement de la caisse de pension, la protection contre le risque de décès et d'invalidité. D'autre part, le rachat peut être déduit du revenu imposable.

1 Condition : lacune de cotisation

Les personnes actives peuvent effectuer des rachats dans la caisse de pension lorsqu'elles présentent une lacune de cotisation dans la caisse de pension. La lacune de cotisation est calculée à partir de la différence entre l'avoir de vieillesse épargné jusqu'à présent et le capital d'épargne maximal possible selon le règlement de la caisse de pension en vigueur. Le calcul du capital d'épargne maximal possible se base sur le salaire annuel assuré actuel ainsi que sur le tarif fixé dans le règlement à l'âge correspondant. Les salariés peuvent consulter les lacunes de cotisation qui se sont produites au cours des années sur le certificat de prévoyance de la caisse de pension. Les raisons d'une lacune de cotisation sont multiples : elle peut résulter d'une augmentation de salaire, d'une longue période de formation, d'une pause pour enfants, d'un séjour prolongé à l'étranger, d'un divorce ou d'un changement d'emploi.

Lors d'un rachat dans la caisse de pension, il faut tenir compte de deux restrictions fondamentales : Premièrement, les rachats volontaires ne peuvent être effectués que lorsque les éventuels retraits anticipés pour la propriété du logement ont été intégralement remboursés. Deuxièmement, dans un délai de blocage de trois ans à compter d'un rachat, les avoirs qui en résultent ne peuvent en principe pas être reversés sous la forme d'une prestation en capital. Si une prestation en capital est versée pendant le délai de blocage de trois ans, les impôts économisés grâce au rachat doivent être imposés a posteriori en tant que revenu. Une exception est prévue à cet égard en cas de divorce ou de dissolution judiciaire d'un partenariat enregistré. Cela doit permettre de rétablir le niveau antérieur de la couverture d'assurance, tant sur le plan de la prévoyance que sur le plan fiscal. Voir à ce sujet notre article de blog du 15.09.2016.

Un rachat volontaire dans la caisse de pension peut être intégralement déduit fiscalement. Cela signifie que les rachats sont également déductibles au-delà du revenu professionnel imposable. Il est seulement exclu qu'un rachat soit reporté fiscalement sur l'année suivante. Il est donc toujours recommandé d'échelonner les rachats sur plusieurs années, jusqu'à concurrence du revenu annuel imposable.

2 Rente ou capital ?

L'avoir de prévoyance peut être perçu sous forme de rente et/ou de capital. La loi prévoit que les prestations de vieillesse sont en règle générale versées sous forme de rente, un quart de l'avoir de vieillesse obligatoire pouvant être versé sous forme d'indemnité unique en capital. Une indemnité en capital plus importante n'est possible que si et dans la mesure où le règlement de prévoyance le prévoit.

Pour décider si la prévoyance doit être perçue sous forme de rente et/ou de capital, les questions et réflexions suivantes sont particulièrement importantes pour vous :

1. Etes-vous plutôt une personne orientée vers la sécurité, qui apprécie la prévisibilité et un revenu sûr à la retraite, ou souhaitez-vous disposer de votre capital de manière flexible ?

2. Avez-vous de l'expérience dans le domaine de l'investissement ou êtes-vous totalement inexpérimenté ?

3. Quel est votre état de santé et souhaitez-vous éventuellement pouvoir léguer l'avoir de prévoyance accumulé au fil des ans ?

 L'un des grands avantages de la rente est qu'elle offre une sécurité à la personne assurée. La rente représente un revenu sûr à vie à la retraite. Le montant de la rente dépend du taux de conversion, qui est actuellement de 6,8 % pour le minimum LPP. 100 000 francs d'avoir de prévoyance sont donc convertis en 6 800 francs de rente par an. Dans le domaine surobligatoire, les taux de conversion sont nettement inférieurs. Un autre avantage de la rente est que la personne assurée ne doit pas gérer elle-même son avoir de prévoyance et le placer sur le marché des capitaux. De plus, en cas de décès de la personne assurée, la veuve ou le veuf reçoit une rente à vie.

Un inconvénient majeur de la rente est qu'elle ne peut pas être transmise aux descendants. En cas de décès de la personne assurée, la totalité de l'avoir de prévoyance est versée à la caisse de pension. La personne assurée devrait donc toujours tenir compte de son état de santé avant de choisir entre rente et capital. D'un point de vue fiscal, le versement d'une rente peut également être désavantageux, car la rente de la prévoyance professionnelle est entièrement imposable en tant que revenu.

L'un des grands avantages du versement en capital est la flexibilité qu'il offre. Comme nous l'avons déjà mentionné, il faut toujours tenir compte de l'état de santé lors du choix de la rente et/ou du capital. Si quelqu'un dispose par exemple d'une caisse de pension d'un million de francs, mais que sa santé est très fragile et qu'il a peu de chances d'avoir une longue espérance de vie, il peut être judicieux de percevoir les fonds de prévoyance sous forme de capital. Cela vaut également en ce qui concerne les héritiers : si l'argent de la prévoyance n'est pas utilisé, il revient aux héritiers et non à la caisse de pension. Un autre avantage du versement en capital peut être de nature fiscale : les prestations en capital provenant de la prévoyance sont imposées séparément des autres revenus, à une fraction du barème ordinaire. Un inconvénient majeur du versement en capital est qu'en cas de décès, aucune prestation n'est versée aux survivants, contrairement à la rente. 

3 Traitement fiscal de la rente : imposition ordinaire

Les prestations de rente de l'institution de prévoyance sont soumises au barème ordinaire de l'impôt sur le revenu.

Pour les raisons susmentionnées, il n'est pas possible d'évaluer l'intérêt d'un retrait sous forme de rente uniquement du point de vue fiscal. Mais comme les impôts sont régulièrement l'un des facteurs décisifs pour ou contre le versement d'une rente ou d'un capital, l'exemple de calcul suivant permet de montrer à combien s'élève la charge fiscale en cas de versement d'une rente :

3.1 Situation de départ

Supposons qu'une personne assurée dans le cadre de la prévoyance professionnelle, domiciliée dans la ville de Lucerne, ait accumulé un avoir de vieillesse de CHF 500'000 au cours de son activité professionnelle et souhaite le percevoir exclusivement sous forme de rente. L'espérance de vie statistique de la personne assurée est de 85 ans. En dehors de l'avoir de vieillesse, il n'y a pas de fortune notable. Avec un taux de conversion de 5 pour cent, cela donne une rente annuelle de CHF 25'000. En outre, le contribuable reçoit la rente de vieillesse maximale AVS pour les personnes seules d'un montant de CHF 2'390 par mois.

3.2 Traitement fiscal

Dans ce cas, le contribuable perçoit chaque année des rentes (AVS et prévoyance professionnelle) d'un montant total de 53 680 CHF. Si la rente est perçue pendant 20 ans, les impôts totaux s'élèvent à environ 130 000 CHF.

4 Traitement fiscal de la prestation en capital : imposition privilégiée

L'imposition des prestations en capital provenant de la prévoyance est réglée différemment au niveau de la Confédération et des cantons et peut être subdivisée comme suit :

4.1 Différents systèmes

4.1.1 Au prorata du barème de l'impôt sur le revenu

Confédération, LU, NW, OW, ZG, AG, AI, SH, SO, VD et GE : l'impôt sur les versements en capital représente une fraction du tarif ordinaire qui aurait dû être payé sur un revenu correspondant. Dans le canton de Lucerne, par exemple, l'impôt privilégié s'élève à un tiers de l'impôt qui aurait dû être payé pour un revenu équivalent au paiement du capital, mais au moins à 0,5 pour cent par unité fiscale. Pour l'impôt fédéral direct, le taux d'imposition privilégié s'élève à un cinquième du barème ordinaire ;

4.1.2 Imposition selon le système du taux de rente

ZH, SZ, TI, VS et GR : ce modèle est un peu plus compliqué que l'imposition à une fraction du tarif ordinaire. On regarde d'abord à combien s'élèverait la rente si l'avoir de prévoyance était perçu sous forme de rente. Sur la base de la rente annuelle calculée, le taux d'imposition est déterminé à l'aide du barème de l'impôt sur le revenu. Le taux d'imposition ainsi calculé est ensuite multiplié par le montant total du retrait en capital ;

4.1.3 Tarif d'imposition propre aux prestations en capital

BE, BL, BS, JU, AR : un barème fiscal séparé - également appelé barème échelonné - est appliqué spécialement pour le retrait en capital, qui ne dépend pas du barème de l'impôt sur le revenu et qui est mentionné séparément dans la loi fiscale ;

4.1.4 Pourcentage fixe pour les prestations en capital

GL, UR, SG, TG : certains cantons appliquent un taux d'imposition fixe, qui est dû sur la totalité de la prestation en capital. Quel que soit le montant du versement, le taux d'imposition est toujours exactement le même. Dans le canton de Thurgovie, l'impôt privilégié est par exemple de 2 pour cent pour les personnes mariées non séparées et de 2,4 pour cent pour les autres contribuables.

La prestation en capital provenant de la prévoyance est toujours taxée séparément des autres revenus, ce qui permet de taxer l'avoir de prévoyance brut et donc sans déductions.

Ici aussi, la charge fiscale en cas de retrait du capital est présentée ci-après sur la base d'un exemple de calcul :

4.2 Situation de départ

Supposons qu'une personne assurée dans le cadre de la prévoyance professionnelle, domiciliée dans la ville de Lucerne, ait accumulé un avoir de vieillesse de CHF 500'000 au cours de son activité professionnelle et souhaite le percevoir exclusivement sous forme de capital. L'espérance de vie statistique de la personne assurée est de 85 ans. En dehors de l'avoir de vieillesse, il n'existe à nouveau aucune fortune notable. En outre, le contribuable reçoit la rente de vieillesse maximale AVS d'un montant de CHF 2'390 par mois.

4.3 Traitement fiscal

Lors du versement de l'avoir de prévoyance de CHF 500'000, CHF 42'000 d'impôts sont ainsi immédiatement dus. Dans les années qui suivent, l'impôt sur le revenu peut toutefois être moins élevé que dans le cas d'un versement de rente, car seule la rente de vieillesse AVS ainsi que les éventuels revenus réalisés sur le capital de prévoyance sont soumis à l'impôt sur le revenu. On suppose que des revenus de 5% sont réalisés chaque année sur le capital de prévoyance (c'est-à-dire CHF 25'000), lesquels sont également soumis à l'impôt ordinaire sur le revenu. Dans ce cas, les impôts (sur le revenu et la fortune) s'élèvent à environ CHF 7'800 par an. Sur 20 ans, la charge fiscale totale s'élève donc à CHF 198'000.

Toutefois, si l'on suppose que le capital de prévoyance est investi de manière à réaliser exclusivement des gains en capital privés non imposables, les impôts annuels ne s'élèvent qu'à CHF 3'100. La charge fiscale totale sur 20 ans s'élève alors à environ CHF 104'000 et est donc inférieure à celle d'un retrait sous forme de rente uniquement.

5 Conclusion

Economies d'impôts grâce à la réduction du revenu imposable, rente plus élevée, meilleure couverture des risques - un rachat est une bonne chose à bien des égards. D'un point de vue fiscal, les rachats volontaires dans la prévoyance professionnelle peuvent être déduits du revenu imposable (même au-delà du revenu annuel). A cet égard, il est toujours recommandé de faire attention au montant du revenu annuel afin de pouvoir réduire la progression de manière optimale. Les rachats au-delà du revenu annuel ne sont pas judicieux du point de vue fiscal, car ils ne peuvent pas être reportés sur l'année suivante.

Lorsqu'il s'agit de décider si l'avoir de prévoyance doit être perçu sous forme de rente et/ou de capital, les aspects fiscaux sont parfois d'une grande importance. Les prestations de rente de l'institution de prévoyance sont soumises au barème ordinaire de l'impôt sur le revenu. En revanche, les prestations en capital provenant de la prévoyance sont imposées à un taux privilégié au niveau de la Confédération et des cantons.

L'exemple de calcul simplifié montre qu'un retrait en capital n'est pas toujours plus intéressant d'un point de vue fiscal qu'un retrait en rente, comme on le croit souvent. En particulier, les revenus de la fortune soumis à l'impôt sur le revenu sur le capital de prévoyance investi augmentent la charge fiscale après la retraite. Lors d'un retrait en capital, il faut donc toujours veiller à investir le capital de prévoyance de manière à ne réaliser que peu de revenus soumis à l'impôt sur le revenu ou à réaliser des gains en capital privés non imposables. Si le capital de prévoyance est investi de la manière la plus optimale possible du point de vue fiscal, le retrait du capital est également plus intéressant du point de vue fiscal que le retrait de la rente. Compte tenu de la complexité des questions de planification fiscale liées aux prestations de prévoyance, il est toutefois recommandé de consulter un conseiller fiscal dans tous les cas.