Du secret fiscal à la transparence
Pour lutter contre l'évasion et la fraude fiscales internationales, plusieurs Etats, dont la Suisse, ont conclu une convention d'assistance administrative.
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Cet accord sert de point de départ à la coopération multilatérale dans le domaine fiscal et a été défini par le G20 et l'OCDE comme la future norme pour l'échange de renseignements en matière fiscale. La convention d'assistance administrative constitue la base de trois formes d'échange d'informations :
- Échange d'informations sur demande
- Échange automatique d'informations (AEOI)
- Échange spontané d'informations (ESI)
Conseil fiscal international
L'échange d'informations sur demande et l'échange spontané d'informations doivent obligatoirement être mis en œuvre par les États signataires. La convention d'assistance administrative ne contient en revanche aucune obligation de mise en œuvre de l'AIA. Par conséquent, cette forme d'échange d'informations n'a lieu qu'entre les Etats membres qui se sont mis d'accord dans un accord séparé pour appliquer l'AIA. L'accord multilatéral sur l'échange automatique de renseignements relatifs aux comptes financiers (Multilateral Competent Authority Agreement, MCAA) sert de base aux autorités compétentes pour la mise en œuvre de l'AIA. Le MCAA s'appuie sur l'article 6 de la Convention sur l'assistance administrative mutuelle et a été développé dans le cadre de l'OCDE en tant que base importante pour l'échange automatique d'informations transfrontalier. Outre les accords multinationaux, il existe également une possibilité de convenir de l'AIA par le biais d'un traité bilatéral.
La Suisse a signé la Convention sur l'assistance administrative en octobre 2013. La Suisse a conclu un accord dit bilatéral AEOI avec l'UE, l'Australie, le Japon, la Norvège, le Canada, la Corée du Sud et d'autres pays.
La Suisse travaille depuis 2013 à la mise en œuvre du standard de l'OCDE dans le droit national. Diverses lois, ordonnances et documents d'orientation sont entrés en vigueur depuis 2013. En ce qui concerne l'introduction du standard de l'OCDE, l'Assemblée fédérale a adopté l'AMCA et la Convention sur l'assistance administrative en décembre 2015 et a décidé de modifier la loi sur l'assistance administrative fiscale (LAAF). En parallèle, l'ordonnance sur le site international Administrative Assistance en matière fiscale (OTA) a été modifiée et mise en vigueur par le Conseil fédéral le 1er janvier 2017. En outre, la loi fédérale sur l' échange automatique international de renseignements en matière fiscale ainsi que les dispositions d'exécution correspondantes, l' AEOI, ont été adoptées par arrêté fédéral de décembre 2015. Ces conventions, lois et ordonnances sont également en vigueur depuis le 1er janvier 2017. Le premier échange de données avec les États partenaires a eu lieu en 2018.
Échange d'informations sur demande
Sur la base de nombreuses conventions de double imposition (CDI), la Suisse échange des informations fiscales à la demande d'États étrangers. Les CDI évitent non seulement la double imposition, mais règlent également l'échange de renseignements sur demande. Une telle opération suppose que les informations soient vraisemblablement importantes pour l'application du droit interne du pays requérant. En règle générale, seul l'État requérant peut déterminer si une information est pertinente. L'échange international d'informations sur demande a déjà été déclaré norme mondiale en 2012. Ainsi, en Suisse, l'échange d'informations fiscales (p. ex. données financières, rulings, etc.) sur demande est autorisé. En mars 2016, le Tribunal administratif fédéral a rendu un jugement qui refusait l'assistance administrative concernant une demande groupée de l'administration fiscale néerlandaise en raison de l'absence de nom. Le Tribunal fédéral a toutefois autorisé par la suite l'assistance administrative en matière fiscale aux Pays-Bas, au motif que les demandes groupées sans mention du nom sont en principe autorisées par la CDI CH-NL, à condition que la demande d'assistance administrative contienne des informations suffisantes pour identifier la personne concernée. Cela montre que les autorités fiscales étrangères font usage de l'échange de renseignements sur demande.
Échange automatique d'informations
L'AIA vise également à créer une norme uniforme au niveau mondial en matière de secret fiscal pour lutter contre la fraude fiscale et promouvoir ainsi l'honnêteté fiscale. Des informations définies au préalable sont transmises de manière routinière et à intervalles déterminés aux États contractants. Les entreprises et les particuliers sont concernés. L'étendue de la communication de la norme internationale se limite aux informations relatives à l'identité de la personne soumise à l'obligation de déclaration (d'une part, nom, adresse, date et lieu de naissance, numéro d'identification fiscale) ainsi qu'aux informations relatives au compte correspondant (d'autre part, numéro de compte, solde, intérêts, dividendes et autres revenus).
La mise en œuvre de l'AEOI dans le droit national signifie la fin du secret bancaire pour les personnes qui résident dans un État contractant de l'AEOI et qui ont un compte en Suisse. Toutefois, le secret bancaire continuera de s'appliquer aux résidents suisses et aux contribuables ayant des comptes bancaires en Suisse.
Outre l'AEOI, un certain nombre de règlements ont déjà été adoptés par le passé dans le but d'échanger des informations financières à caractère fiscal. Il s'agit notamment de la directive européenne sur l'épargne, de la FATCA (Foreign Account Tax Compliance Act) et du système des intermédiaires qualifiés (QI) aux États-Unis.
Échange spontané d'informations
Dans cette forme d'échange d'informations, les renseignements ne sont pas transmis sur la base d'une demande préalable, mais dès que l'État qui fournit les informations soupçonne un intérêt potentiel d'un autre État. Cela doit être le cas, par exemple, en cas de suspicion de fraude fiscale ou d'économie d'impôt par un transfert artificiel de bénéfices au sein du groupe. D'autres cas dans lesquels des informations doivent être transmises spontanément sont énumérés à l'article 7, paragraphe 1, de la convention d'assistance administrative. Toutes les informations jugées pertinentes par l'administration fiscale sont échangées. Les rulings en font partie, entre autres, lorsqu'ils contiennent des règles relatives aux régimes fiscaux, aux prix de transfert, aux établissements stables ou aux biens immobiliers concernés. Par conséquent, c'est le cédant qui décide du contenu à transmettre à l'étranger. Ce type d'échange concerne principalement les entreprises liées au niveau international et implantées en Suisse, mais aussi les personnes physiques dans des situations transfrontalières. Les bases légales pour l'échange spontané d'informations sont en vigueur depuis le 1er janvier 2017. L'échange de données a eu lieu pour la première fois en 2018. Les cantons ont concrétisé la mise en œuvre de ces nouvelles dispositions et définissent en détail la manière dont l'échange spontané d'informations doit être appliqué. Il vaut la peine de vérifier précisément ce qui est échangé entre les Etats, quand et comment.
Conclusion
Ce qui appartient à la Suisse depuis des décennies, comme les montagnes et le chocolat, à savoir la très grande réticence des autorités fiscales à l'égard des demandes de renseignements étrangères, est en train de connaître un revirement avec la ratification de la Convention d'assistance administrative. À l'avenir, la Suisse mettra dans une large mesure à la disposition des autorités fiscales étrangères les données fiscales des sociétés et des personnes physiques actives au niveau international.
Les entreprises et les particuliers actifs au niveau international et exerçant des activités transfrontalières doivent être conscients qu'à l'avenir, les données fiscales et financières seront échangées avec d'autres États. Afin que les contribuables ne soient pas désavantagés par cette nouvelle transparence fiscale, les entreprises et les particuliers concernés doivent s'y préparer dès aujourd'hui et veiller à ce que les relations fiscales et financières existant en Suisse puissent être documentées et prouvées sans faille.