Discussion fiscale de l'OCDE #15 - 4 mai 2020

Une conférence fiscale non programmée de l'OCDE a eu lieu le 4 mai 2020. Au lieu d'une réunion ordinaire, la discussion s'est déroulée par webcast. Les participants connectés par chat vidéo étaient Pascal Saint-Amans, Achim Pross, Bert Brys, Sarah Perret, Kurt Van Dender, Sophie Chatel, Zayda Manatta et Ben Dickinson.

Le 31 janvier, il a été annoncé que le prochain Tax Talk n'aurait pas lieu avant juillet. La raison de ce webinar prématuré est la crise du Covid 19. Surtout, les travaux actuels à la lumière de la crise et la poursuite des projets existants du CTPA, Centre de politique et d'administration fiscales, ont été examinés plus en détail. L'OCDE a notamment travaillé sur les implications fiscales internationales engendrées par le coronavirus. Cela a donné lieu à un Hub Covid 19 et à diverses publications, que nous examinerons plus en détail ci-dessous.

Publications de l'OCDE sur la crise Covid-19

Aperçu des mesures ciblées en matière de politique fiscale/administration fiscale et publication de la base de données (23.03.2020) et résumé des mesures prises par le Forum sur l'administration fiscale (31.03.2020)

Afin de pouvoir soutenir les contribuables au niveau mondial, les autorités fiscales adoptent des mesures internationales en plus des mesures nationales. Toutefois, celles-ci peuvent varier d'un État à l'autre. En principe, l'objectif pour les particuliers est d'éviter les difficultés financières et de réduire les charges existantes. Un résumé des mesures possibles pour atteindre ces objectifs est présenté dans le tableau suivant.

Pour les personnes morales, il s'agit de garantir la trésorerie et la poursuite des activités commerciales tout en respectant les règles de sécurité. Les questions les plus importantes sont résumées dans la figure ci-dessous.

La base de données des mesures fiscales liées au Covid-19, qui constitue la base du rapport du G20, est présentée par Bert Brys. L'objectif de la base de données est d'informer les pays sur les mesures prises par d'autres pays, d'identifier les tendances à un stade précoce et de formuler des conseils généraux sur les mesures. Au 4 mai 2020, le tableau comprend les mesures à court terme prises, les mesures à long terme prévues dans le cadre des stratégies de sortie et les mesures budgétaires visant à atténuer la récession à venir. La base de données de l'OCDE contient déjà des informations sur plus de 100 pays et est mise à jour en permanence.

Recommandations pour les travailleurs transfrontaliers et les relations transfrontalières (03.04.2020)

Les activités et les circonstances internationales, en particulier, posent des défis aux États en ce qui concerne la fiscalité et la portée des réglementations fiscales. Si, selon les conventions de double imposition, le revenu est imposé au lieu où le service est rendu, il n'est pas clair si ce lieu est temporairement déplacé lorsque les travailleurs transfrontaliers se trouvent dans le bureau d'origine en raison du lockdown. Pour résoudre ce problème au niveau international, l'OCDE travaille avec un grand nombre de pays pour trouver des options de taxation coopérative.

Sophie Chatel poursuit en expliquant que ce même défi concerne également les personnes morales. À proprement parler, le siège social d'une société se trouve à l'endroit où elle est effectivement gérée. Dans ce cas, ainsi que dans le cas d'éventuels changements de résidence en matière d'obligation fiscale, il convient de renoncer aux ajustements temporaires pour des raisons de simplicité.

La dernière question à aborder ici est celle des prix de transfert des entreprises multinationales. Car même si les trous dans les caisses de l'État doivent être à nouveau comblés à l'avenir, l'objectif reste d'éviter la double imposition internationale et de créer en même temps une sécurité fiscale. Il faut donc veiller à ce que les entreprises concernées ne soient pas appelées à payer intégralement dans tous les domaines d'activité. Le Cadre inclusif est en train de rédiger les directives générales qui traitent de ce problème. Les contributions des parties prenantes concernées sont les bienvenues.

Conseils concernant la poursuite des activités "Considérations sur la continuité des activités" (07.04.2020)

La poursuite des activités commerciales pendant le verrouillage et son assouplissement, que ce soit depuis le bureau à domicile ou le lieu de travail réel, est essentielle pour que l'économie mondiale se rétablisse aussi rapidement que possible. C'est la seule façon de minimiser la récession à venir et de garantir un maximum d'emplois. Néanmoins, il existe également certaines incertitudes concernant la période post-pandémique. En particulier, il s'agit de savoir si les installations auparavant temporaires, comme le bureau à domicile notamment, deviendront permanentes. La position de l'OCDE est que les mesures de cette situation désormais exceptionnelle ne doivent pas devenir la norme. Ils insistent sur le fait que le travail doit être repris comme avant la pandémie.

Rapport du G20 - Politique fiscale et budgétaire dans le contexte de la pandémie de corona (15.04.2020)

Ce rapport a été préparé à la demande de Mohammed al-Jadan, ministre des finances de l'Arabie saoudite et président du G20. Le rapport fait le point sur les mesures d'urgence prises par les pays du monde entier. Sur la base de cet inventaire, la suite éventuelle de l'action est planifiée. Le graphique suivant montre que l'aide d'urgence a été la principale réponse dans le monde entier. La courbe s'étant aplatie avec succès, il est maintenant important d'examiner comment les mesures prévues, notamment à plus long terme, peuvent également contribuer à la reprise économique. Ce n'est qu'avec une résilience renforcée et une gestion ciblée de la dette que les pays pourront être soutenus durablement. Sarah Perret souligne que ce processus ne doit en aucun cas être linéaire, car le danger d'une deuxième vague demeure.

Pour que l'économie se redresse à l'échelle mondiale, le Trésor doit mettre en place des mesures de relance durables, axées sur la demande, ciblées et coordonnées au niveau mondial, mais sans les fixer trop rapidement, car la crise peut évoluer de manière volatile. Comme nous vivons dans un monde énormément globalisé, les mesures ne peuvent être efficaces que si elles sont coordonnées au niveau international. Un plan Marshall international doit donc être élaboré.

Il convient également de noter que cette crise offre une opportunité. Pour l'heure, les États peuvent œuvrer en faveur d'un avenir axé sur la résilience, dans lequel les soins de santé, le climat, la biodiversité et les chaînes de valeur mondiales, entre autres, peuvent être soutenus. Il convient donc de s'attacher à renflouer les caisses de l'État de manière efficace, tout en tenant compte de la politique climatique.

Poursuite d'autres projets de l'OCDE

Transparence fiscale du Forum mondial

Avec la croissance rapide des plateformes numériques, le passage de l'emploi traditionnel au travail indépendant et le développement accru des crypto-monnaies et du secteur FinTech, le besoin de transparence augmente également. La mise en conformité permettra aux autorités fiscales d'accéder à des informations qui étaient auparavant cachées afin d'obtenir des possibilités de taxation. Le Forum mondial continue à travailler sur l'échange automatique d'informations et soutient également les pays en développement et leurs autorités dans l'expansion de leur capacité de traitement des données.

La fiscalité de l'économie numérisée - BEPS

Il n'a jamais été aussi important de parvenir à un consensus qu'aujourd'hui, car l'application efficace des taxes à l'économie numérisée pourrait être un point clé pour surmonter cette crise. Afin d'atténuer les conséquences de la crise Covid-19 le plus efficacement possible, il est essentiel de trouver une solution en temps utile. L'OCDE espère qu'un consensus pourra être trouvé plus rapidement dans les circonstances actuelles. Néanmoins, il ne faut rien précipiter maintenant afin d'éviter d'éventuels conflits commerciaux. L'objectif est de pouvoir présenter des solutions d'ici à la fin de 2020. En conséquence, l'horaire normal sera respecté. Cependant, la réunion du Cadre inclusif à Berlin en juillet n'aura certainement pas lieu. Au lieu de cela, il y aura probablement une mise à jour virtuelle sur l'état actuel des développements. Une réunion plus approfondie aura lieu en octobre, mais le dossier complet ne sera pas prêt à ce moment-là.

L'OCDE estime en outre que les piliers 1 et 2 généreront des recettes substantielles au niveau mondial et réduiront considérablement les transferts internationaux de bénéfices. Il est important de trouver rapidement une solution, car les entreprises numériques sont parmi les rares à avoir pu tirer un profit important de cette crise. En conséquence, le premier pilier a été développé plus avant. L'objectif est de publier une version définitive d'ici la fin de l'été et de recueillir les avis des parties prenantes. L'état actuel peut être vu dans la figure suivante :

Le deuxième pilier a été décomposé en plusieurs composantes. L'état actuel est le suivant :

Action 13: La norme minimale doit encore être révisée d'ici 2020. La consultation publique avec les entreprises multinationales, les ONG et les autres parties prenantes a été reportée de mars à mai. L'objectif est de discuter et d'améliorer l'application des normes. D'autres changements pourraient être nécessaires pour soutenir les travaux relatifs aux premier et deuxième piliers et pour mieux évaluer les limites des rapports pays par pays.

Point d'action 14: La MAP, procédure amiable, vise à éviter la double imposition tout en garantissant la sécurité fiscale. Des précisions supplémentaires sur les normes, la méthodologie et le cadre statistique auront lieu dans le courant de 2020. Une consultation publique peut être envisagée plus tard en 2020.