Discussion fiscale de l'OCDE #17 - 12 octobre 2020

Le 12 octobre 2020, le 17e Tax Talk de l'OCDE a eu lieu sous forme virtuelle. Les participants étaient Pascal Saint-Amans, Grace Perez-Navarro, David Bradbury, Åsa Johansson, Achim Pross, Michelle Harding et Julien Jarrige.

Lors de ce webinaire, ils ont abordé l'état d'avancement du "paquet numérique", la taxation des monnaies virtuelles et l'évolution des projets en dehors de la numérisation.

Après 70 jours de réunions, l'ensemble du cadre inclusif s'est réuni les 8 et 9 octobre 2020 pour discuter du paquet numérique. Plus de 130 États ou territoires et 13 organisations internationales ont participé à la réunion avec 650 délégués. Le dossier d'information publié comprend une annonce du niveau d'accord entre les participants et la publication des plans pour les piliers 1 et 2, qui sont désormais soumis à une consultation publique jusqu'au 14 décembre 2020.

Le développement du projet a été quelque peu retardé, notamment en raison de la crise Covid-19 . Néanmoins, malgré les difficultés internationales, des progrès significatifs ont été réalisés, déclare Pascal Saint-Amans.

Le développement chronologique du projet sur la fiscalité de l'économie numérique peut être vu dans le tableau suivant :

"Blueprints" pour les piliers 1 et 2

Malheureusement, aucun accord n'a été trouvé sur les détails des piliers 1 et 2 au cours des derniers mois. De l'avis de l'OCDE, les deux piliers constituent néanmoins des bases solides pour la poursuite des négociations et le consensus espéré à l'avenir.

Les "blueprints" maintenant publiés pour consultation publique contiennent les lignes directrices, les principes directeurs et les paramètres les plus importants qui constituent la base des deux piliers. En effet, des différences politiques et techniques subsistent, qui nécessitent un compromis urgent. La résolution de toutes ces questions est une priorité absolue pour le Cadre inclusif, car le maintien du statu quo n'est pas une option pour l'OCDE. Étant donné que plusieurs des questions qui doivent encore être discutées sont liées entre elles, la résolution d'un problème pourrait bien servir à en résoudre d'autres, affirme Grace Perez-Navarro. En conséquence, le cadre inclusif espère présenter un accord d'ici la mi-2021 afin que la législation puisse être rédigée, les règles et processus internationaux définis et appliqués dans les juridictions le plus rapidement possible.

La consultation publique a débuté le 12 octobre 2020 et se poursuivra jusqu'au 14 décembre 2020. En janvier 2021, le groupe de pilotage du cadre inclusif entamera la suite des travaux en s'appuyant sur les commentaires reçus.

Le retour d'information sur les plans est attendu avec impatience et l'OCDE espère poursuivre le projet dès que possible, déclare Pascal Saint-Amans.

L'impact estimé des deux piliers

L'évaluation d'impact et l'analyse économique ont été réalisées par le département fiscal et économique de l'OCDE. L'analyse est ce qu'on appelle une évaluation ex ante, car elle repose sur de nombreuses hypothèses (concernant les paramètres et la conception), étant donné qu'il n'y a pas d'accord concret à ce stade. Les chiffres doivent donc être considérés avec une grande prudence.

L'analyse peut être résumée comme suit :

  • Les piliers 1 et 2 devraient permettre d'augmenter les recettes mondiales de l'impôt sur les sociétés (IS) de 50 à 80 milliards d'USD. L'impact du deuxième pilier est plus important en termes absolus car le premier pilier est essentiellement redistributif. En moyenne, tous les pays (à faible, moyen et haut revenu) en bénéficieront. Seuls les anciens pôles d'investissement (qui, selon l'analyse de l'OCDE, comprennent également la Suisse) seront du côté des perdants, car les impôts ne pourront plus être perçus uniquement dans ces lieux. En principe, on suppose que les réformes favoriseront les activités d'investissement et la croissance économique dans le monde entier.
  • Pascal Saint-Amans note que si les pays en développement ne seront pas les premiers bénéficiaires des nouvelles règles sur la taxation de l'économie numérique, ils pourront bénéficier largement du pilier 2 spécifiquement à l'avenir. Il souhaite donc motiver les États respectifs à soutenir le projet.

Selon l'OCDE, il est également important de mentionner que la crise de Corona accélère énormément la numérisation. Avec cela, une augmentation significative de nouveaux défis se fait également sentir, notamment dans la fiscalité de l'économie digitalisée. Selon l'ensemble du cadre inclusif, la recherche d'un consensus maximisera les chances de résoudre ces problèmes le plus rapidement possible.

Mises à jour sur le premier pilier

Le "plan directeur" pour le premier pilier expose en détail le contenu de la réforme. Le premier pilier se compose de trois éléments :

  • Un nouveau droit d'imposition pour les États du marché concernant une partie du bénéfice résiduel calculé au niveau du groupe (= quantité A) ;
  • Un montant fixe pour certaines fonctions de base de marketing et de distribution physiquement exécutées dans les États du marché (= quantité B) ;
  • Procédures visant à améliorer la sécurité fiscale grâce à des mécanismes efficaces de prévention et de règlement des différends.

L'ensemble A est traité aux chapitres 2 à 7, l'ensemble B au chapitre 8 et les procédures d'amélioration de la sécurité fiscale (anciennement ensemble C) au chapitre 9.

Les membres du Cadre inclusif s'accordent à dire que les nouveaux droits d'imposition, qui ne sont plus liés à la présence physique d'une entreprise, ne doivent pas entraîner de double imposition. En outre, ils doivent être aussi simples et compréhensibles que possible afin de faciliter une mise en œuvre rapide. Néanmoins, il existe des différences d'opinion considérables concernant les objectifs politiques concrets à atteindre par la réforme ainsi que la mise en œuvre technique. Les travaux se poursuivent pour résoudre les problèmes.

Mises à jour du deuxième pilier

Ici aussi, l'intégralité du "Plan d'action" est désormais disponible. Le deuxième pilier porte sur les défis restants BEPS. Elle vise notamment à garantir que les grandes sociétés opérant à l'échelle internationale paient un impôt minimum, quel que soit le lieu de leur siège social. Selon le projet, cela doit se faire par le biais d'une série d'instruments interdépendants.

Les règles GloBE (c'est-à-dire la règle d'inclusion des revenus et la règle des paiements sous-imposés) sont abordées dans les chapitres 2 à 7. Le chapitre 8 traite des coentreprises et des entités orphelines. Les règles d'assujettissement (concernant le champ d'application et les questions administratives) se trouvent au chapitre 9 et la coordination de toutes ces règles est traitée en détail au chapitre 10.

La fiscalité des monnaies virtuelles

Le marché des crypto-monnaies se développe très rapidement. Avec la coopération de 50 États et territoires, un rapport a été élaboré qui analyse le traitement fiscal des monnaies virtuelles en termes de revenus, de valeur ajoutée et d'impôts fonciers.

L'OCDE tient à souligner en particulier les conclusions suivantes du rapport, qui devraient être prises en compte par les États lorsqu'ils taxent les monnaies virtuelles :

  • Il est nécessaire de disposer de lignes directrices claires et uniformes concernant la taxation des monnaies virtuelles, qui devraient être mises à jour régulièrement, ainsi que d'un soutien aux administrations concernant la mise en œuvre de ces lignes directrices.
  • Afin d'améliorer le respect par les contribuables des règles fiscales propres à chaque pays, il convient d'adopter les règles les plus simples possibles pour l'évaluation de ces actifs et pour les transactions de faible ampleur et occasionnelles.
  • Le traitement fiscal des monnaies virtuelles devrait également être aligné sur d'autres objectifs politiques tels que ceux de la protection de l'environnement. Par exemple, le commerce des crypto-monnaies nécessite une quantité extraordinaire d'énergie, qui doit être prise en compte dans une initiative politique globale.
  • Il convient de travailler dès aujourd'hui sur des principes généraux qui anticipent le traitement fiscal des futurs développements techniques. Cela permettra d'effectuer les ajustements nécessaires aussi rapidement et efficacement que possible.

Autres projets de l'OCDE

En plus de ces deux sujets, qui abordent les défis de la fiscalité dans l'économie numérisée, d'autres projets ont également été avancés. Des progrès ont également été réalisés dans le cadre du projet visant à accroître la transparence fiscale et du projet "Fiscalité et développement".

L'OCDE a également investi beaucoup de temps et de travail dans le domaine des prix de transfert, car de nombreuses incertitudes et questions sont apparues récemment dans le cadre de Covid-19. Par exemple, comment les pertes ou les subventions reçues dans le cadre de cette situation extraordinaire doivent désormais être traitées sur le plan fiscal. Des problèmes comme ceux-là sont remarqués et traités par l'OCDE. Des solutions ou des lignes directrices éventuelles devraient être disponibles d'ici la fin de 2020.