Discussion fiscale de l'OCDE #18 - 4 mars 2021

La 18ème conférence fiscale de l'OCDE a eu lieu le 4 mars 2021. Parmi les participants figuraient Pascal Saint-Amans, David Bradbury, Stewart Brant, Sophie Chatel, Grace Perez-Navarro, Sarah Perret et Achim Pross. L'ordre du jour comprenait notamment une mise à jour des développements généraux autour du thème de la taxation de l'économie digitalisée (BEPS 2.0).

En outre, les participants aux Entretiens fiscaux ont discuté, entre autres, des implications de la COVID-19 pour l'interprétation des CDI et des directives sur les prix de transfert, de l'état d'avancement de la mise en œuvre des points d'action du site BEPS par les différents Etats, ainsi que du thème de la criminalité fiscale.

Conseil fiscal international

Défis fiscaux résultant de la numérisation de l'économie

Le programme de travail actuel de l'OCDE élabore depuis plusieurs années déjà des propositions de solutions aux défis fiscaux résultant de l'économie numérisée. Les propositions actuelles sont basées sur deux piliers distincts :

  • Dans le cadre de ce que l'on appelle le premier pilier, l'objectif est de modifier le mécanisme de répartition des bénéfices et les facteurs de rattachement locaux pour l'établissement d' une obligation fiscale. L'objectif est d'attribuer une part plus importante des bénéfices du groupe aux États du marché pour l'imposition. Il devrait désormais être possible d'imposer les bénéfices des groupes lorsqu'ils sont générés sans présence physique sur le marché. Cela entraînera inévitablement un déplacement des recettes fiscales des pays où les grandes entreprises ont leur siège vers les pays du marché (c'est-à-dire là où le chiffre d'affaires ou la consommation est généré).
  • Le deuxième pilier, quant à lui, vise à instaurer une imposition minimale mondiale pour les sociétés opérant à l'échelle mondiale.

Achim Pross a brièvement expliqué les résultats les plus importants des consultations publiques sur les piliers 1 et 2 dans le cadre des entretiens fiscaux de l'OCDE. En ce qui concerne le pilier 1, toutes les parties prenantes ont exprimé l'opinion qu'une solution doit être basée sur le consensus afin d'éviter autant que possible la double imposition internationale. Les mesures unilatérales prises par des États individuels doivent être évitées à tout prix. Achim Pross a également évoqué les différents problèmes politiques et techniques qui subsistent. Elles peuvent être résumées comme suit :

Conseil fiscal international

Mise à jour sur les développements du G20

Le 26 février 2021, les ministres des finances et les dirigeants des banques centrales du G20 se sont réunis. Avant la réunion, la nouvelle secrétaire d'État américaine au Trésor, Janet Yellen, a envoyé une lettre officielle à ses collègues du G20, reconnaissant l'importance de négocier les deux piliers du projet BEPS 2.0.

Entre-temps, un consensus politique sur la fiscalité mondiale des entreprises a été trouvé le 5 juin 2021 lors de la réunion des pays du G7 à Londres. D'une part, les États participants sont censés s'être mis d'accord sur les principes relatifs au premier pilier. En outre, un impôt minimum global (deuxième pilier) est prévu, qui ne devrait pas être inférieur à 15 %. Le prochain obstacle à la mise en œuvre du projet BEPS 2.0 sera la réunion ministérielle du G20 en juillet 2021.

Réponse de COVID 19 sur les conventions fiscales et les prix de transfert

L'OCDE a également fourni une mise à jour des réponses de l'OCDE aux questions spécifiques autour de l'interprétation des CDI et des lignes directrices sur les prix de transfert soulevées par la pandémie de Covid-19 lors des Entretiens fiscaux du 4 mars 2021. En avril 2020, l'OCDE, en collaboration avec un certain nombre de pays, a produit une première série de lignes directrices sur l'interprétation des CDI dans le contexte de la Covid-19 afin d'offrir une plus grande sécurité fiscale. Le guide apporte un éclairage sur l'interprétation des CDI autour de trois thèmes :

  • Sites d'exploitation ;
  • Résidence ;
  • les revenus du travail.

En décembre 2020, l'OCDE a également publié des orientations sur les implications de Covid-19 en matière de prix de transfert. Les orientations illustrent l'application pratique du principe de pleine concurrence par rapport aux défis posés par la pandémie de Covid-19. Le rapport d'accompagnement de l'OCDE, qui contient de plus amples détails et des conseils, est disponible sur le lien suivant.

Mise en œuvre des mesures du site BEPS

Malgré les contraintes de la pandémie en cours, le Cadre inclusif a continué à progresser dans la mise en œuvre des quatre normes minimales du site BEPS. La mise en œuvre du point d'action 5 (lutte contre les pratiques fiscales dommageables) a bien progressé, selon l'OCDE. Pratiquement toutes les réglementations néfastes ont été modifiées ou supprimées. En 2021, le Forum de l'OCDE sur les pratiques fiscales dommageables (FHTP) poursuivra ses examens des régimes préférentiels et ses examens par les pairs des décisions fiscales. En ce qui concerne le point d'action 6 (Prévention des abus de convention), l'instrument clé pour la mise en œuvre de la norme minimale, la Convention multilatérale sur la mise en œuvre des mesures relatives aux conventions fiscales visant à prévenir BEPS (MLI), a été signé par 95 juridictions à ce jour. En ce qui concerne le point d'action 13 (documentation des prix de transfert et déclaration pays par pays), le rapport note que plus de 90 juridictions ont déjà introduit ces obligations. En ce qui concerne le point 14 de l'action BEPS(Amélioration des procédures d'accord mutuel (MAP)), le rapport décrit que les juridictions ont mis à jour leurs CDI et ont grandement amélioré leurs cadres MAP. Par exemple, les administrations fiscales ont reçu davantage de ressources pour améliorer efficacement la rapidité et la qualité des MAP.

Crime fiscal

Le 25 février 2021, l'OCDE a publié un rapport soulignant le rôle néfaste des intermédiaires professionnels qui facilitent l'évasion fiscale et d'autres délits financiers pour leurs clients. Les intermédiaires professionnels visés sont les avocats, les comptables, les notaires, les institutions financières, les sociétés fiduciaires, les prestataires de services aux entreprises et, dans le domaine des crypto-actifs, les opérateurs de marchés noirs sur le dark web. Le spectre de ces actes de soutien criminel est large. Ces actes peuvent inclure, par exemple, la mise en place de structures fiduciaires ou offshore dans le but de diluer le droit d'utilisation des actifs, ainsi que la simple falsification de documents à des fins d'évasion fiscale.

Pour lutter contre la criminalité fiscale, l'OCDE recommande une approche à plusieurs volets. Tout d'abord, les enquêteurs chargés de la lutte contre la criminalité fiscale doivent être correctement formés pour être en mesure d'identifier les intermédiaires professionnels. Ensuite, une législation efficace est nécessaire pour garantir que les intermédiaires professionnels puissent être poursuivis. Les gouvernements doivent également garantir une stratégie cohérente et multidisciplinaire et renforcer le rôle des organismes de surveillance. Une coopération accrue est nécessaire tant au niveau national qu'international. L'OCDE propose que les pays désignent une personne ou une agence responsable pour superviser la mise en œuvre de cette stratégie. Le rapport correspondant de l'OCDE, avec plus de détails et de références, peut être consulté sur le lien suivant.

Tax Talk #18 peut être réécouté dans son intégralité au lien suivant.